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Une trouvaille étonnante :
Un pilote et son chien dans le MESSERSCHMITT 109 G6

Le 15 Mai 1997, nous avons été contactés par le Service de Déminage pour aller effectuer, en leur compagnie, une identification sur un point d'impact d'avion retrouvé par hasard lors des fouilles préliminaires d'un futur lotissement. Nous sommes intervenus immédiatement. Des munitions d'origine inconnue traînaient en surface. Nous avons sur le champ identifié des obus de 13 mm allemand datant de 1942 et 43. Nous avons laissé la place aux démineurs.

Un tracto-pelle a été loué par le lotisseur pour effectuer le travail en profondeur. Le terrassement a commencé de suite, mettant à jour une multitude de petits morceaux de structure ainsi que de très nombreux obus de 13 mm. A un mètre de profondeur, nous sommes tombés sur l'arrière du moteur ainsi que sur les premiers ossements. Conformément à nos procédures, nous avons arrêté immédiatement le terrassement.

Nous avons alerté les Autorités pour faire constater la présence de ce qui aurait pu être des ossements humains. Procès-verbal a été dressé par la Police, nous étions en zone urbaine. Pendant la suite des recherches, seuls quelques petits ossements sont venus s'ajouter aux premiers. La petite taille de ces os nous a intriguée, visiblement, il ne s'agissait pas des restes du pilote. Néanmoins, par sécurité, nous les avons remis au Cimetière allemand, dont le Conservateur nous a confirmé très rapidement, après avoir consulté un vétérinaire, qu'il s'agissait plutôt d'un chien ou d'un canidé quelconque.

Une chose est certaine, cet animal se trouvait avec le pilote dans l'avion. Lors du nettoyage du moteur à notre dépôt, nous avons retrouvé dans les pipes d'admission, des molaires doubles sur des fragments de mâchoire qui ne sont pas d'origine humaine. Pour qu'ils se soient retrouvés dans le moteur, ils ne pouvaient venir, lors du crash, que du cockpit. Seule l'énorme inertie du choc a pu déchiqueter et faire pénétrer aussi loin ces ossements.

Il s'agirait donc de la mascotte du pilote qui l'accompagnait en vol, comme cela était toléré à cette période de la guerre (nous sommes en 1943 !) par les Autorités de la Luftwaffe. Plus tard, vu l'augmentation de l'intensité et de la fréquence des combats, cette fantaisie est devenue formellement interdite !

Des recherches sont en cours pour retrouver, grâce à ce détail, qui était le pilote de cet avion et ce qu'il est devenu lors de ce crash. C'était vraisemblablement un pilote de la JG2, peut-être basé à Beaumont le Roger, tout près de là ........  

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  Inventaire des pièces récupérées

Nous avons un moteur DB 605 A-1 complet sauf le premier cylindre de la rangée de droite qui est complètement aplati par le choc. Le vilebrequin est tordu mais non cassé, les cache-culbuteurs sont arrachés, les rouleaux d'arbre à cames sont encore brillants mais les arbres à cames, faits en tube inox, sont cassés en plusieurs morceaux et très oxydés. Les grosses vis BTR qui tiennent le chemisage des rangées de cylindres se sont démontées sans difficultés lors du nettoyage. La pompe à injection Bosch qui se trouve au milieu du V est entière mais très corrodée par l'incendie qui s'est déclaré à l'impact entre les deux rangées de cylindres. Tous les injecteurs sont en place ainsi que les tubulures d'essence. Les bougies sont toutes là. Les pipes d'échappement en tôle sont écrasées le long du bloc moteur. Le carter moteur en Alpax est cassé en plusieurs endroits mais comme le moteur était planté presque à plat dans sa configuration normale de fonctionnement (les cylindres en bas et le carter vers le haut), toute l'huile était restée logée dans le fond des 11 cylindres intacts. Les soupapes bougent encore en tapant dessus avec un maillet en bois.

Nous avons toute la pignonnerie du réducteur d'hélice en parfait état ainsi que le moyeu de l'hélice absolument intact avec les vis sans fin en laiton du changement de pas, toujours fonctionnelles et parfaitement conservées dans leur gangue de graisse.

Nous avons un support moteur en "Elektron" entier mais pas de trace de l'autre. Plusieurs petits moteurs électriques dont un de volet, une masselotte de compensation de volet entière et différents bouts de tubes, de flexibles et de raccords aviation en très bon état. Pas de trace du turbo-compresseur, en principe logé sous le moteur.

Une MG 131 entière a été retrouvée et emmenée pour destruction (un obus étant resté en place dans la culasse) par le Service de Déminage.

Pas de pale d'hélice, aucune pièce du tableau de bord, pratiquement aucune pièce de structure, nous n'avons retrouvé que des pièces mécaniques

L'identification
Elle fut immédiate en ce qui concerne le type d'avion ainsi que la période du crash. Les fragments de peinture subsistant sur les quelques petits morceaux de structure révèlent qu'il s'agit d'un camouflage conservé jusqu'en 1943. Les dates portées sur les culots des obus de 13 mm viennent le confirmer : aucun marquage n'est postérieur à 1943 (bien que des G6 aient continué de voler en Normandie jusqu'à fin Août 1944).

Quant au pilote, c'est plus compliqué car ne connaissant pas son sort lors de ce crash, ni la date exacte, il n'est pas évident de retrouver son nom.

Les pertes allemandes, en général, ne répertorient que les pilotes tués ou blessés. Si le pilote a sauté en parachute ou s'il n'a pas été blessé dans le crash, son nom n'apparaît nulle part. La seule piste reste celle d'un pilote connu pour son habitude de voler avec sa mascotte. Nous allons contacter quelques anciens membres de la JG2 pour raviver leurs souvenirs, nous ne manquerons pas de vous donner le résultat de cette énigme !

A partir du Flugbuch ( livre de vol ) de ce pilote, si nous parvenons à l'identifier, nous pourrons retrouver la date de ce crash. Malheureusement, beaucoup d'archives de la Luftwaffe ont disparu en fin de guerre, il manque, par exemple, des mois entiers pour l'année 1944.

Pourquoi cette pièce a t-elle survécu jusqu'à nous?

Voici notre hypothèse la plus logique :

L'avion a percuté le sol à grande vitesse avec un angle d'environ 60°. Avec l'inertie, le moteur s'est enfoncé dans le sol jusqu'à la couche dense de silex qui l'a arrêtée vers 2 mètres de profondeur. Le choc très violent a séparé le moteur du reste de l'avion qui est resté en surface. Les Autorités allemandes ont procédé à la récupération de l'épave et du pilote s'il était resté aux commandes.

Le pilote, s'il a été tué dans le choc, aura été dégagé dans sa combinaison de vol en même temps que les parties légères de l'avion restées en surface.

Le moteur, faute de matériel d'extraction adapté, était très souvent abandonné dans le sol car ne présentant plus le moindre intérêt, contrairement à la superstructure qui, elle, était en aluminium, métal rare et cher à cette époque à la différence de la fonte d'alu du moteur.

Le cratère de l'impact se situait, il y plus de 50 ans, dans un verger dans une zone encore rurale, maintenant, c'est la banlieue d'Évreux. Le trou a dû être rebouché par le propriétaire du champ et le moteur abandonné dans le sol jusqu'à ce jour ....


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