Inventaire des pièces récupérées
Nous avons un moteur DB 605 A-1 complet sauf le premier cylindre
de la rangée de droite qui est complètement aplati par le choc. Le vilebrequin
est tordu mais non cassé, les cache-culbuteurs sont arrachés, les rouleaux
d'arbre à cames sont encore brillants mais les arbres à cames, faits en tube
inox, sont cassés en plusieurs morceaux et très oxydés. Les grosses vis BTR
qui tiennent le chemisage des rangées de cylindres se sont démontées sans
difficultés lors du nettoyage. La pompe à injection Bosch qui se trouve au
milieu du V est entière mais très corrodée par l'incendie qui s'est déclaré
à l'impact entre les deux rangées de cylindres. Tous les injecteurs sont en
place ainsi que les tubulures d'essence. Les bougies sont toutes là. Les pipes
d'échappement en tôle sont écrasées le long du bloc moteur. Le carter moteur
en Alpax est cassé en plusieurs endroits mais comme le moteur était planté
presque à plat dans sa configuration normale de fonctionnement (les cylindres
en bas et le carter vers le haut), toute l'huile était restée logée dans le
fond des 11 cylindres intacts. Les soupapes bougent encore en tapant dessus avec
un maillet en bois.
Nous avons toute la pignonnerie du réducteur
d'hélice en parfait état ainsi que le moyeu de l'hélice absolument intact
avec les vis sans fin en laiton du changement de pas, toujours fonctionnelles et
parfaitement conservées dans leur gangue de graisse.
Nous avons un support moteur en "Elektron"
entier mais pas de trace de l'autre. Plusieurs petits moteurs électriques
dont un de volet, une masselotte de compensation de volet entière et
différents bouts de tubes, de flexibles et de raccords aviation en très
bon état. Pas de trace du turbo-compresseur, en principe logé sous le
moteur.
Une MG 131 entière a été retrouvée
et emmenée pour destruction (un obus étant resté en place dans la
culasse) par le Service de Déminage.
Pas de pale d'hélice, aucune pièce du
tableau de bord, pratiquement aucune pièce de structure, nous n'avons
retrouvé que des pièces mécaniques
L'identification
Elle fut immédiate en ce qui concerne le type d'avion ainsi que
la période du crash. Les fragments de peinture subsistant sur les
quelques petits morceaux de structure révèlent qu'il s'agit d'un
camouflage conservé jusqu'en 1943. Les dates portées sur les culots des
obus de 13 mm viennent le confirmer : aucun marquage n'est postérieur à
1943 (bien que des G6 aient continué de voler en Normandie jusqu'à fin
Août 1944).
Quant au pilote, c'est plus compliqué
car ne connaissant pas son sort lors de ce crash, ni la date exacte, il
n'est pas évident de retrouver son nom.
Les pertes allemandes, en général, ne
répertorient que les pilotes tués ou blessés. Si le pilote a sauté en
parachute ou s'il n'a pas été blessé dans le crash, son nom n'apparaît
nulle part. La seule piste reste celle d'un pilote connu pour son habitude
de voler avec sa mascotte. Nous allons contacter quelques anciens membres
de la JG2 pour raviver leurs souvenirs, nous ne manquerons pas de vous
donner le résultat de cette énigme !
A partir du Flugbuch ( livre de vol )
de ce pilote, si nous parvenons à l'identifier, nous pourrons retrouver
la date de ce crash. Malheureusement, beaucoup d'archives de la Luftwaffe
ont disparu en fin de guerre, il manque, par exemple, des mois entiers
pour l'année 1944.
Pourquoi cette pièce a
t-elle survécu jusqu'à nous?
Voici notre hypothèse la plus logique
:
L'avion a percuté le sol
à grande vitesse avec un angle d'environ 60°. Avec
l'inertie, le moteur s'est enfoncé dans le sol jusqu'à la couche dense
de silex qui l'a arrêtée vers 2 mètres de profondeur. Le choc très
violent a séparé le moteur du reste de l'avion qui est resté en
surface. Les Autorités allemandes ont procédé à la récupération de
l'épave et du pilote s'il était resté aux commandes.
Le pilote, s'il a été tué dans le
choc, aura été dégagé dans sa combinaison de vol en même temps que
les parties légères de l'avion restées en surface.
Le moteur, faute de matériel
d'extraction adapté, était très souvent abandonné dans le sol car ne
présentant plus le moindre intérêt, contrairement à la superstructure
qui, elle, était en aluminium, métal rare et cher à cette époque à la
différence de la fonte d'alu du moteur.
Le cratère de
l'impact se situait, il y plus de 50 ans, dans un verger dans une zone
encore rurale, maintenant, c'est la banlieue d'Évreux. Le trou a dû être
rebouché par le propriétaire du champ et le moteur abandonné dans le
sol jusqu'à ce jour ....
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