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Enfin connu, ce pilote allemand


 

Cela commence par un mail de Benjamin ROLLAND.

« Bonjour, je me permets de solliciter  votre aide afin de trouver le nom du pilote allemand qui piloter ce Fw 190, ou tout autre info concernent ce crash. Voilà toutes les photos et témoignages à ma disposition. En faisant  du détecteur dans la forêt derrière chez moi, j'ai trouvé une douille de 20mm de 1944 anglaise. J'ai fait des recherches sur le net et je trouve ça: «un  avion allemand tombé le  09/08/1944, jardin M Dequatremare à 23h00. »  N'ayant qu'une douille je me suis dit qu'il n'y avait  probablement pas de rapport. Puis le temps passe et je tombe sur des photos du crash. Dès lors je suis  retourné sur place et là j'ai trouvé  1 douille de 20mm de 1943 et 8.303 perforantes et un clip pour les  20mm, le tout allant en direction du crash.  J'ai également retrouvé des débris en fonte (même si ceux-ci n’ont probablement aucun rapport).

Comme indiqué sur TOCH, le F/L Gloster du N° 219 Sqn a revendiqué aux commandes de son Mosquito un Fw 190 à l'ouest d’Évreux la nuit du 9 au 10 août 1944. Ce qui n'est précisé par contre, c'est l'heure de la revendication. 

Selon un des listings de films de ciné mitrailleuses de l'IWM que voici, l'attaque a eu lieu  à 22:53. http://m.iwm.org.uk/collections/item/object/1060030745  

(j’ai récupéré ces  images auprès de iwm mais rien dessus) et un deuxième témoignage recueilli auprès de Jean Pierre Ruault qui m’a transmis une grosse partie des photos que je vous envoie. 

Bonsoir, nous y voilà pour le moment du récit déclaré par mon père qui avait 10 ans à l'époque qui est  encore de ce monde. Récit confirmé par ma défunte grand-mère. Le 9 août 1944 vers 23h30, mon grand-père et mon père discutent dans la chambre de ce dernier. Ils entendent alors un bruit de mitraille et de moteurs d'avions. Mon grand-père dit alors "tiens il y en a deux qui se canardent",  le moteur d’un avion seul se fait ensuite entendre (pour homologuer sa victoire ??!!) Le silence revient. Quelques minutes plus tard une énorme explosion se fait entendre. Mon grand-père et mon père sortent de la maison et voient alors la cour et le jardin en feu ainsi que la rue, les fils électriques sont en train de brûler. Le Focke Wulf déjà en feu est venu s'écraser rue St Pierre. Mr Dequatremare semble avoir aperçu l'avion avant le crash et aurait dit "Marie ma femme un robot on est foutu" il pensait qu'il s'agissait d'un V1. En s'écrasant et en explosant le moteur saute par-dessus la maison de mes grands-parents, le poste de pilotage avec le siège tombe a côte de la chambre occupée par mon oncle. Le réservoir ventral (1 seul,c'est important) se retrouve dans la rue, le reste de l'avion se calcine et les reste en sont visibles sur les diverses photos prises par la famille Dequatremare. La panique est de mise. La cohue des badauds,  les pompiers, les allemands etc... 

Le lendemain, mes parents avec la famille Dequatremare réalisent l'ampleur des dégâts. Des soldats  allemands interviennent pour récupérer les cartouches  non calcinées et les objets "sensibles" mitrailleuses etc. Mon oncle avait je crois conserver en secret le pistolet d'alarme du pilote et la montre du tableau de bord bloquée sur l’heure du crash. La rumeur disait que l’on avait retrouvé le pilote mort dans un bois voisin. Entre la mitraille et le crash il s'est écoulé peu de temps et cela a été bref et violent.    

Voilà  tout, en  espérant une réponse de votre part. 

Cordialement benjamin Rolland. » 

 

A gauche, l'empennage fixe gauche, à droite l'aile. le morceau a été déplacé et on reconnaît bien le gouvernail de direction, l'empennage fixe et la trappe de la roulette de queue.
On aperçoit une pale d'hélice dans le cratère.  Posé contre l'aile, un des gouvernail de profondeur.


Ce crash d’avion était bien connu car le rapport de la Gendarmerie française précisait : 
« Le 9 août 1944, à 23h, un avion allemand s’est abattu en flammes et a explosé dans la propriété de M. Dequatremare, maraicher, 37 rue De Beaulieu
(à Louviers) et y a communiqué le feu. Un hangar, une écurie, une remise et 900 châssis ont été détruits. Préjudice 45 000 francs. Il n’y a pas de victimes. On ignore le sort du pilote. » 
Donc rien  sur le nom du pilote. Dans les  listes de pertes de la Luftwaffe en Normandie de Jean Bernard FRAPPE à la date du 9 août, aucun crash de FW190 (ni de BF 109) dans cette  région de l’Eure. Le mystère reste entier. Quelques mois plus tard, notre ami de l’ANSA 39/45, Michel  MARIE, découvre à la médiathèque de Louviers dans les journaux de l’époque que, fin février 1945, un cadavre d’aviateur allemand avait été retrouvé dans les bois de la  commune de Mesnil-Jourdain.  
Rapport du Maire : 
« Procès-verbal de l’inhumation d’un officier-aviateur allemand trouvé dans les bois de  Mesnil-Jourdain. 
Je  soussigné, Maire de Mesnil-Jourdain, déclare qu’étant dans les bois Mesnil m’appartenant à la chasse, j’ai trouvé à un endroit non loin de la
ligne dite du téléphone le corps d’un homme, il portait sur le dos un parachute non ouvert, près de lui un pistolet à fusée. La tête manquait au corps et une jambe était brisée. Après  avoir examiné  le corps dont la décomposition était complète, j’ai reconnu  qu’il s’agissait d’un officier aviateur allemand,  il était habillé d’une tunique et d’un pantalon combinaison.  Deux étoiles à la patte d’épaulette. Accompagné de mon fils et du Lt  havane, je suis retourné sur les lieux le lendemain 28 février 1945, avec beaucoup de mal j’ai pu retirer un portefeuille en cuir déjà assez pourri, avec beaucoup de difficultés j’ai retiré les papiers contenus dans ce …. à  savoir :  
1° deux mille deux cent vingt cinq
francs en billets de la banque de France (deux coupures de cinq cents francs et le reste en coupures de cent et autres).  
2° plusieurs papiers, joints à ce Procès-verbal, sur l’un je peux lire le nom de l’officier : Oberfähnrich  Köppel
   L 05554  C Lgpa.  Paris Ven 15.4.44 
Avec moi ont signé  le Lt havane et M ….. Reveilhac. Mesnil-Jourdain le 1 mars 1945 Reveilhac Maire.

 Cette fois il y  avait un nom  que je  m’empressais de  transmettre à  Erik MOMBEEK, en Belgique. Dans l’heure qui suivait, j’avais les infos qui correspondaient en définitive à l’un des crashes de J.B. FRAPPE pour ce pilote, l’Ofhr Georg KÖPPEL, mais localisé « Région d’Avranches ». Cette fois la boucle est  bouclée grâce à diverses sources de renseignements complémentaires et concordantes. Nous savons maintenant dans quelles conditions ce jeune pilote a perdu la vie. Son Fw 190, touché par les tirs du Mosquito a pris feu et il a sauté en parachute, de nuit, et il est probable que son corps ait touché la dérive de l’avion ce qui expliquerait l’absence de tête, la jambe cassée étant du lorsque le corps a touché le sol.  J’aimerais bien savoir si la famille de Georg KÖPPEL a eu connaissance des conditions de sa mort. Je n’ai pas trouvé dans quel cimetière allemand il est inhumé après Mesnil-Jourdain. Pas à St Désir de Lisieux, ni Champigny la Futelaye, ni La Cambe, Orglandes, Versailles.

Joël Huard

Une belle MG 131, qui ferait bien dans notre musée !
Pertes allemandes du 9 août 1944.

 

 

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