L'histoire:
Dans la nuit du 7 au 8 Juin 1944, à 0h20, une formation de 18
Lancaster décolle de Witchford, au Nord de Londres, base du 115th
Squadron du Bomber Command de la RAF pour une mission sur la France. Chaque
bombardier transporte dans ses soutes 18 bombes de 500 livres. A 0h40, la
formation se rassemble et met le cap plein Sud sous les ordres du Wing
Commander R.H. ANNAN. A 1h00, les
falaises du pays de Caux sont franchies, c'est peu après que la chasse
allemande entre en action et au dessus de Vernon un combat sans merci
s'engage. Plusieurs Lancaster sont touchés dont le Lancaster MK I, codé
LL-H -Sérial
864- qui quitte la formation pour tenter un retour sur l'Angleterre,
moteurs en feu. Malgré tous
les efforts du Captain R.P MAUDE, la chasse de nuit allemande s'acharne
sur son appareil qui survole le Vexin à très basse altitude, ne laissant
aucune chance à l'équipage de sauter en parachute. Le bombardier
passe au dessus de GIVERNY et s'écrase dans une immense boule de feu dans
la plaine à quelques centaines de mètres du village endormi.
Les 7 membres
de l'équipage reposent dans le cimetière de GIVERNY, leur tombe est
toute proche de celle de Claude MONET, ils avaient entre 20 et 31 ans. Sur
les 18 Lancaster engagés, seuls 12 rentreront à la base.

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L'équipage
du Lancaster LL864 pose devant un autre Lancaster du Squadron, le
LL695
P/O
R.P. MAUDE, pilot.
Sgt
A.H. ANDERSON, flight engineer.
F/O
R.W. TOVEY, navigator.
F/S
H.A. FOSTER, air bomber.
Sgt
J.L. FYFE, wireless operator and air gunner
Sgt
R.D.J. SUTHERLAND, air gunner
Sgt
K. PENTON, air gunner
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La
fouille de 1997: Par
une très belle journée d'automne, le 27 Septembre 1997, munie de toutes
les autorisations nécessaires et en présence de personnalités civiles,
de la Gendarmerie et de la presse, toute l'équipe de l'ANSA 39/45,
accompagnée du Groupe Normand de Recherche, spécialisé dans la détection
profonde, se met au travail sur le site du crash repéré avec précision.
Détecteurs et pelleteuse entrent alors en action. Nos efforts sont récompensés
immédiatement entre 1 mètre et 5 mètres de profondeur : 3 pales d'hélices
dont une dans un état pratiquement neuf (étonnant !!) , 2 moteurs
Rolls-Royce cassés en plusieurs morceaux mais sans un point de rouille,
un berceau moteur, un demi train d'atterrissage, un carcasse de pneu, des
lambeaux de dinghy et d'autres objets divers, le tout remplissant un
camion de 3,5t et une remorque de Jeep soit environ 2 tonnes de métaux
divers.
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Les
premiers coups de pelle ! |
Une
première pale d'hélice sort de terre |
Cette fouille
avait fait l'objet d'une déclaration préalable de risque de présomption
de sépulture, et effectivement, lors de ces recherches, nous avons trouvé
les ossements d'un homme d'équipage. Une déclaration de découverte de sépulture
a été effectuée auprès de la Direction Inter-régionale des Anciens
Combattants pour qu'une remise officielle des restes soit effectuée auprès
du Service des Tombes de Guerre Britanniques. Les
recherches se sont terminées à la nuit et les intervenants, satisfaits
de cette "moisson", comptent bien poursuivre leurs recherches
l'année prochaine car le MK I LL864 n'a pas livré tous ses éléments.
La
fouille de 2004: Nous le savions, le
Lancaster de Giverny n'avait pas livré tout ses secrets. Nous avions
retrouvé en 1997 divers éléments de l'avion dont deux des quatre
moteurs "Merlin". Nous avons donc décidé d'effectuer une
nouvelle fouille sur le site. Le mercredi 1er septembre, nous effectuons
un repérage au détecteur "grosses masses" afin de retrouver le
point d'impact. Guidé par les personnes présentes à la fouille de 1997,
nous retrouvons quelques morceaux d'alu à même le sol et le détecteur
ne tarde pas à nous renvoyer des échos importants... et pour cause
!! Le terrain est balisé et nous nous donnons rendez-vous pour le
samedi matin.

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On
trouve des
morceaux d'alu à même le
sol |
Les
détecteurs sonnent plein pot !
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Le
samedi, dès 8 heures, la pelleteuse commence à retourner la terre et,
très rapidement, les premiers morceaux sont exhumés. les jambes du train
d'atterrissage sont les premières grosses pièces à revoir le jour
après 60 ans d'oubli. Une pale d'hélice est à son tour découverte,
puis une seconde encore fixée au moyeu.

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Le
magnifique site de
Giverny au petit matin. |
La deuxième pale d'hélice. On aperçoit derrière les restes du moteur
"Merlin" |
Un
des moteurs "Merlin" sera ensuite retiré. il est en plusieurs
parties, cylindres et culasses d'un coté, vilebrequin de l'autre. A noter
que certaines bielles encore accrochées au vilebrequin ne sont pas
bloquées et bougent sans forcer sur leurs manetons. Étonnant !
Nous trouverons d'autres pièces intéressantes comme une plaquette en
bronze mentionnant une révision mécanique ou ces paillettes d'aluminium
que larguaient les bombardiers pour brouiller les radars ennemis.

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La
peinture sur la pale est très bien
conservée. |
Un tiers de "Merlin" ! |
Le
coup de godet suivant marquera la fin de la fouille. En effet, un objet de
forme
oblongue apparaît... pas de doute, il s'agit bien
d'une bombe. Immédiatement, nous cessons les fouilles et tout le monde
sort du périmètre balisé. Nous contactons la Gendarmerie, qui arrive
rapidement, ainsi le service de déminage.
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La
bombe de 500 livres ! |
La
gendarmerie vient constater la découverte. |
Ce
sont au total 14 bombes de 250 kilos, contenant 125 kilos d'explosifs (de
la tollite), qui seront déterrées par les démineurs. Les détonateurs, en très bon état, seront pétardés sur
place et les bombes acheminées vers un
endroit de stockage avant destruction.

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Michel
pose devant l'une des bombes de 250 kg du Lancaster. On voit au
second plan d'autres bombes signalées par des petits fanions.
Elles sont séparées par quelques dizaines de mètres pour des
raisons de securité. |
Voici
une fusée de bombe après sa neutralisation. le détonateur se
trouve dans la partie haute de la fusée. Cette pièce se situe à
l'arrière de la bombe. Cette fusée à été fabriquée en 1942.
Remarquez son remarquable état ! |
Selon
la service de déminage, la découverte de ces 14 bombes constitue un record
en France. Jamais autant de bombes n'avaient été trouvées en une seule
fois et dans un même endroit ! Un
drôle de record pour l'ANSA !
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