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Independence
day 4 juillet 1943
Raid
de la 8eme Air Force sur les usines du Mans le 4 Juillet 1943 dans notre région, et le sort des aviateurs des forteresses
volantes B17 abattues ce jour.
Au
fil des deux années passées à
rechercher les événements
qui ont émaillé cette journée d'été ensoleillée du 4
Juillet 1943, fête de "l'independence Day" pour les États-Unis
d'Amérique, les sources
consultées ont été de quatre ordres. Les plus enrichissantes
ont été les contacts avec les intéressés, c'est à dire les
aviateurs rescapés eux mêmes. Viennent ensuite les archives de l'U S
Air Force Maxwell de l'Alabama
puis les documents de référence ou d'information générale, et enfin
diverses contributions personnelles spontanées ou sollicitées auprès de chercheurs
spécialisés dans l'étude de la
guerre aérienne.
Volontairement,
la présentation de cet
article a été simplifiée de
manière à garder les éléments
essentiels liés à ces évasions... longues et opiniâtres odyssées
d'hommes décidés à échapper à tout prix à l'emprisonnement, sous
la protection d'âmes compatissantes, bénévoles ou appartenant à
diverses filières patriotiques. Aventure
humaine, avec un seul but, rentrer en Grande-Bretagne, seule terre de
liberté attachée aux rivages de l'Europe occupée.
Il
faut rappeler avant tout que dans chaque cas,
les événements malheureux vécus
au sol par les habitants et leurs
conséquences douloureuses avaient été
relatés en diverses occasions par la presse locale. Dans le cas
présent, il s'agissait surtout de mettre en évidence la partie restée
totalement inconnue de cette aventure, c'est à dire le long retour semé
d'embûches des aviateurs rescapés, ce jour de "l'Independence
day", dans leurs bases ou leur pays d'origine.
Ce
jour du 4 Juillet 1943 lors de l'arrivée de la formation de forteresses
volantes B17 sur l'objectif, plusieurs
drames se déroulaient au dessus des départements de l'Orne et de la
Sarthe, pratiquement à la même heure.
Résumons
les faits:
Cent
soixante cinq forteresses volantes B17, décollant des bases du Sud Est
de l'Angleterre, sont dépêchées
ce jour de "l'independence day" sur les objectifs définis
par l'état major de l'US Air Force.
Cent parmi elles mettront
le cap sur les usines
Gnome et Rhône, fabriquant des moteurs d'avions allemands
Focke-wulf. Les soixante autres auront pour objectif les écluses
de La Pallice. Plusieurs installations environnantes, dont la gare de
triage du Mans et l'aérodrome
adjacent, seront également visées.
En
ce dimanche d'été, les Sagiens témoins de ce drame
se souviendront que ce jour là, le ciel était bleu sans nuages
lors du passage de la formation de l'US air force. Et pourtant les
chasseurs de combat Thunderbolt et Spitfire accompagnant les
forteresses seront rappelés prématurément par leurs bases d'origine en raison d'une détérioration des
conditions météo en Grande Bretagne. Handicap
certain pour ces lourds bombardiers privés d'assistance lorsqu'il
s'agit d'affronter la chasse
allemande toujours à l'affût.
Selon
les rapports maintenant disponibles aux archives américaines, la première
partie du vol se déroulera sans
incidents notables et si l'on se réfère
aux sources
militaires, les pilotes témoigneront avoir
atteint leurs objectifs
respectifs.
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le
B-17F 42-29960 "Nymokymi" en Juin 1943. |
 |
Les
restes de "Nymokymi" à Belfonds. Ce sont les seules
photos existantes de l'épave prises par Roger Cornevin à 10h00, le 5 juillet au matin. |
Aux
abords du Mans, la Flak allemande
fait mouche et touche
une première forteresse. Au loin, un essaim de chasseurs
allemands se prépare à l'attaque...
Le
moteur extérieur droit de la forteresse "Nymokimi" du
lieutenant Gordon Erickson vient d'être touché de plein fouet par la Flak et l'hélice est
mise en drapeau. C'est donc un avion en détresse,
traînant un long sillage de fumée noire, qui arrive au dessus de
la petite
ville épiscopale de Sées, lors
du retour de la formation vers l'Angleterre.
Ce
jour à midi, les paroissiens
quittent la cathédrale et, au
stade des Ormeaux, la Wehrmacht
qui occupe régulièrement le terrain
a laissé le champ libre aux équipes d'athlétisme
locales et régionales. Je serai donc le témoin malgré moi
de ce drame qui endeuillera la petite ville de Sées. Par la suite j’établirai
des relations avec John Carah, Paul McConnell et David Butcher
aujourd’hui décédés (voir à ce sujet le crash de Nymokimi à
Belfonds ( Sées ) ).
La
forteresse, objet de tous les regards, essaie désespérément
d'atteindre Grafton Underwood, au nord de Bedford, base de départ la
plus occidentale de l'East Anglia qu'elle a
quittée deux heures plus
tôt. Mais elle n'en possède plus les moyens.
Le
pilote Gordon Erickson témoigne "Un moteur en moins, nous nous
traînons derrière la formation qui remonte vers le Nord.
La chasse allemande aux aguets en profite pour se ruer sur notre
avion isolé et désemparé. Les circuits d'oxygène dont nous disposons pour voler à plus de
dix mille pieds sont alors détruits par
une rafale particulièrement meurtrière. Je donne l'ordre de
sauter.
A
bord l'incendie fait rage et les membres de l'équipage se ruent vers les issues de secours. Nous éprouvons les plus grandes difficultés
à vouloir ouvrir les trappes d'évacuation.
Ma combinaison prend feu et je tente d'étouffer les flammes avec
mes mains. En désespoir de cause, ,je me dirige vers l'issue de secours
se trouvant à l'avant, suivant de prés le mécanicien. L'ouragan
d'air glacé pénétrant par la trappe d'éjection
vient enfin à bout de l'incendie qui consume lentement ma
combinaison de vol. Au
dessous de moi, cinq corolles blanches... une région
de bocage verdoyante... une rivière et une cathédrale dans le
lointain. J'atterris
indemne sur un sol inconnu et mon parachute reste accroché aux branches
d'un pommier... mes pieds touchant à peine le sol. Plusieurs habitants
accourent pour me venir en aide et me débarrasser de mon équipement,
parachute, harnais, Mae West. Précipitamment, j'utilise mon poignard
pour couper les suspentes de mon parachute.
Bientôt je resterai dissimulé dans une double rangée de haies
avant d'être rejoint par trois autres membres de l'équipage, brûlés
aux mains et au visage".
En
réalité huit aviateurs sauteront sur la plaine de Belfonds
dans un zone comprise entre le
hameau de Condé le Butor et l'église de Cléray. Deux aviateurs sont
restés à bord...
Le
bombardier, le lieutenant Donald Irvine, tombera avec les restes d'une
tourelle de mitrailleuse prés de Belfonds au lieu dit "le chêne
d'amour" et le navigateur, le lieutenant Francis
Hackley, s'écrasera
parachute en flammes au "Val d'enfer".
Deux
membres de l'équipage ne
pourront échapper à l'emprisonnement, malgré l'intervention rapide des villageois et des
membres de
la résistance locale, dont Édouard
Paysant, chef départemental du BOA, et
le maire de Mortrée, Victor Chevreuil.
Les
six rescapés, camarades d'infortune de la forteresse abattue,
seront partagés en deux groupes.
D'un côté le lieutenant pilote Gordon
Erickson et trois des membres de l'équipage seront mis à l'abri
dans une grange prés du village de Belfonds.
De
l'autre, les deux blessés Willard Freeman et Charles Mankovick
seront acheminés sur une civière
par la résistance locale dans un premier abri et ensuite
en forêt de Gouffern prés
d'Aunou le Faucon. Une cabane de
branchages dissimulée dans l'épaisseur de la forêt
les abritera pendant trois semaines
et permettra à nos deux
rescapés de recevoir les soins appropriés. "Notre hutte n'était
pas très étanche mais elle suffisait
à nous abriter des intempéries
du mois d'Août, deux docteurs venaient régulièrement s'assurer de la
progression de notre guérison" témoignera Freeman.
Six
mois après la date du crash, quelques nuits passées à la belle étoile
et un long séjour dans la région lyonnaise pour reprendre
quelques forces, nos deux convalescents atteindront
en Décembre 1943 l'Angleterre,
et leur base respective de départ.
Le
quatuor dirigé par Gordon
Erickson, accompagné des sergents Ashworth,
Penly et Wingerter, atteindra
Gibraltar fin août 1943
après un voyage mouvementé et une traversée
du Pays basque sans
problème majeur sinon l'inquiétude suscitée par le regard
insistant à Dax d'un agent
allemand intrigué par les chaussures de nos
voyageurs. Suspicion inquiétante qui fait trembler nos quatre évadés
et craindre le pire. Leurs faux papiers résisteront ils à un
examen approfondi ? Après un long dialogue,
le guide, homme d'expérience
finira par les sortir de cette délicate situation.
Enfin
nos rescapés termineront leur périple
de l'autre côté de la frontière dans
un camion transportant...
des poussins ! Bientôt, c'est
Bilbao et enfin la liberté au consulat britannique .
Dés
leur arrivée à Londres après le passage des Pyrénées et leur prise en charge à Gibraltar par la RAF, Freeman et
Mankowick nos deux blessés enfin rétablis, annonceront leur arrivée à
bon port par le message
suivant émis sur les ondes de la BBC "Les amis du petit bois sont
bien arrivés". Un soulagement pour tous ces sauveteurs résistants
et aides bénévoles des régions
de Sées, Mortrée et Argentan
qui avaient contribué à
faciliter leur évasion au risque
de leur vie.
D'autres
infos sur ce crash http://www.384thbombgroup.com/pages/erickson.html
|

Willard Freeman
|

Gordon
Erickson
|
(Collection
Didier Cornevin) |
(Collection
Didier Cornevin) |
 |
Grafton
Underwood, terrain de décollage du 384 BomberGroup,
aujourd'hui. |
Le
village de la Coulonche
au nord de Juvigny sous Andaine
connaissait à la même heure le même drame, et
la forteresse volante pilotée par les lieutenants Olaf Bollinger
et John Carah subissait le même sort en s'écrasant au "Val de vée"
en forêt d'Andaine.
John
Carah: "Je n'avais pas réalisé que nous n'avions plus
d'oxygène
et que deux mitrailleurs avaient été tués lors de l'attaque de la
chasse allemande. Le gouvernail de
profondeur était alors bloqué et l'avion impossible à piloter.
Je
sautais en me souvenant du massacre d'Antwerp où les parachutistes
avaient été pris pour cible par la chasse allemande lors de leur
descente en parachute. Devant l'issue
de secours je rencontrais le lieutenant Williams affolé, parachute déployé
dans les bras... Je lui dis
de sauter à tout prix, mais il refusa. Grosse
émotion ! Lors de la descente, un chasseur simulant une attaque, fonça
sur moi et j'eus l'une des grandes peurs de ma vie...
Je
vis alors notre forteresse partir en
vrille alors que je scrutais désespérément
le sol pour découvrir enfin un
verger planté de pommiers. Je réussissais de justesse à éviter la
fourche d'un arbre. Dissimulé
dans les bois pendant sept heures, ,je
surveillais les abords
et les allées et venues d'une ferme, avant de prendre le risque
de me présenter au fermier. Une carafe renfermant un liquide clair
attira mon attention... Assoiffé, j'engloutis un verre de
calvados... que j'avais pris pour de l'eau ! "
L'équipage
aura à déplorer trois victimes, les deux mitrailleurs de sabord tués
en vol et
le lieutenant Williams qui désespéré, se décidera à sauter
mais trop prés du sol. Pourquoi a t il attendu si tardivement ? Se
souvenant l'avoir vu surgir au dernier moment de la trappe avant ,juste
avant l'explosion au sol, John
Carat aujourd'hui se pose encore la question...
Deux
membres de l'équipage seront faits prisonniers avant de connaître les
"stalag Luft " réservés aux aviateurs alliés.
Pris
en charge par un jeune guide, conseillé par un réseau de résistance
structuré, John Carat partira vers la Suisse après avoir été hébergé
prés de Lassay, dans la
Mayenne, par la famille Breteau.
Muni d'une fausse carte d'identité au nom de Jacques Dupont,
représentant
de commerce, il
empruntera avec ses compagnons tous
les moyens de locomotion disponibles en cours de route: train, autocar,
camion des camps de jeunesse de Pétain, auto-stop.
Finalement c'est une marche
forcée au travers des bois de sapins, poursuivi par les chiens des
patrouilles chargées de surveiller la frontière. S'offrant le luxe
d'un taxi compatissant, notre
petit groupe atteindra Berne incognito, via les rives verdoyantes du lac de
Neufchâtel.
Le
séjour de John Carat dans une relative liberté helvétique ne
pouvait durer, il
prend le risque de quitter la neutralité Suisse pour tenter à nouveau
le passage de la frontière... mais vers la France occupée.
Incarcéré par la
gestapo avec ses compagnons d'aventures, il est délivré sans coup férir
par la résistance locale après un vif échange de coups de feu.
John atteint
l'Espagne complètement épuisé, après un passage laborieux des Pyrénées. Enfin,
il distingue au loin les lumières de Figueras !
Nous
retenons une dernière réflexion
dans son témoignage de pilote secouru par des aides bénévoles et
membres de la résistance .
"J'en profite pour manifester mon admiration sans limites et ma gratitude
aux membres des différents mouvements
de la résistance française. A chaque heure de la journée, ils ont
risqué leur vie afin qu'un grand nombre d'aviateurs abattus puisse
retourner au combat et peut être écourter la durée de la guerre
"
Une
autre épopée attachée à ce crash de la Coulonche, celle du pilote Olaf
Bollinger. A la traîne, en
raison de son extrême
état de fatigue, il ne peut suivre le rythme imposé
par ses compagnons de route. Ainsi échappera t il
de justesse au sort de ces derniers, pris dans une embuscade. Dans
l'aube blafarde qui illumine les contreforts des Pyrénées c'est un
homme épuisé et dépenaillé qui atteint les premières habitations du territoire d'Andorre. Animé
par la volonté d'arriver
au but coûte que coûte, il prend un repos
salutaire dans un village qui semble ignorer les tourments de la guerre. Il affrontera alors
les premiers cols de la chaîne des Pyrénées, sous le regard méfiant d'une
escorte de
contrebandiers transportant des
balles de tabac. Captivité franquiste provisoire à Manressa avant d'atteindre le Consulat britannique et enfin Gibraltar le 4 Décembre soit
exactement 5 mois après la
date du crash de la Coulonche.
|

|
De gauche
à droite: McConnell le navigateur, Bollinger le pilote, Williams parachute
ouvert dans l'avion, John Carah le copilote.
|
Un
chasseur ennemi à son actif, Paul MConnell sera secouru par
un forestier dans les bois de le forêt d'Andaine. Traqué il aura quelques jours de répit à "l'Ermitage"
château situé au nord de Juvigny sous Andaine
avant d'être récupéré par André Rougeyron.
C'est
l'occasion inespérée pour lui de retrouver un autre rescapé William
Howell.
Le
jeune mitrailleur Howell,
hâtivement habillé en boy scout avec béret basque pour
les besoins de la cause arrivera au "chalet du brouillard" en voiture
légère attelée, portant un panier à légumes. Le
calvados aidant, il supportera sans broncher l'extraction des éclats
de shrapnells plantés
dans son dos.
 |
"Le
chalet du brouillard" en haut à gauche où de
nombreux aviateurs furent cachés par André Rougeyron dans le
jardin public de Domfront. |
Une
occasion se présente, Paul MConnell et William Howell tenteront
leur chance tous deux par la
filière bretonne. Mais l'opération d'évasion préparée à Quimper par la résistance locale,
en coordination avec une vedette rapide et un sous marin de la flotte
britannique au large
d'Ouessant se transformera en échec. Le radio chargé des
communications avec l'Angleterre avait été repéré et abattu.
Ils devront faire toutefois contre mauvaise fortune bon cœur et retourner
à Paris, dans l'attente d'une
seconde chance. Paul McConnell et William Howell finalement se sépareront
à contrecœur. Howell
continuera son chemin vers Perpignan avant d'être pris en charge par
des guides peu scrupuleux qui le feront tourner en rond tout prés
de la frontière avec ses compagnons d'évasion. Après les fêtes
de Noël, la chance aidant, la traversée de la barrière Pyrénéenne est
couronnée de succès. Gerona, Barcelone, Madrid et enfin le rocher de Gibraltar se dessine à l'horizon... Nous sommes en Février
1944 soit sept mois après la date du crash de La
Coulonche.
En
désespoir de cause la Résistance se résout à acheminer le navigateur Paul Mac Connel par l'intermédiaire de
la "ligne Comète". Organisation d'aide aux évadés où
un patriote pratiquement pour chaque passage, payera son courage
de
sa vie. Le
train jusqu'à Pau, une ferme basque avec un changement fréquent
de guides. Une longue marche sans répit dans le froid avant d'atteindre épuisé
une
ferme espagnole. C'est ensuite un séjour dans une prison franquiste où une trentaine de
prisonniers évadés, aviateurs rescapés, déserteurs allemands, attendront la bonne volonté des autorités espagnoles pour décider de leur sort.
C'est
enfin l'accueil tant espéré de l' ambassade des États-Unis, Gibraltar et enfin la
dernière étape, l'Écosse et le
retour aux États-Unis pour le 1er Mars 1944 soit un périple de huit
mois depuis la date du crash de La Coulonche.
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McConnell,
le navigateur |
Owens,
Bollinger (au centre) et la famille qui les herbergea. |
Owens,
le mitrailleur. |
Le
mitrailleur Owens rescapé, autre miraculé du crash du Val de Vée n'échappera
pas à son destin. Après avoir été hébergé chez le fermier Geslain à St
Opportune, il accompagnera
Bollinger avant de s'en séparer. Son corps sera découvert dans la
montagne et les raisons de son décès resteront mystérieuses.
Les témoignages divergent... abattu par un
garde-frontières lors du passage des premiers
contreforts des Pyrénées
ou mort de froid suite aux intempéries.

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Paul
McConnell, en blouson cuir et John Carah,
avec la casquette bleu, lors de la cérémonie de
Belfonds en 1999.
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Lors
de ce même raid, à la même heure, deux autres forteresses étaient abattues dans le département de la Sarthe, à l'ouest du Mans.
David
Butcher, mitrailleur, sera le seul rescapé de son équipage. Sa
forteresse "Lakanuki" touchée par la flak explosera en plein vol. Panique...
instinct de survie...
à moitié évanoui il se retrouvera
miraculeusement, parachute déployé, au dessus du village de Poillé sur Végre . "Quelle impression bizarre" dira t il ! Deux habitants providentiels l'aideront à s'esquiver mais à bicyclette.
Employé clandestinement
comme jardinier "sourd et muet" et ensuite incorporé
malgré lui, dans le réseau de résistance local il participera
à la réception des parachutages d'armes des avions ravitailleurs de maquis.
Son périple aventureux en
territoire français aura duré sept mois. Ses
compagnons de résistance auront subi des fortunes diverses mais David
Butcher, chanceux malgré lui, aura déjoué toutes les embûches dressées sur son chemin.
Il
gardera un souvenir impérissable de son séjour en territoire français.
Il
est aujourd'hui citoyen
d'honneur de Poillé sur Végre.
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Alfred
Auduc, chef de la résistance locale et appartenant au réseau
Buckmaster. |
David
Butcher, seul rescapé du crash de la Forteresse "Lakanuki"
et Alfred Auduc. |
Les
douze coups de midi retentissent dans la campagne tranquille du secteur
Noyen-Malicorne-Mezeray et les
habitants vaquent à leurs occupations.
Une
quatrième forteresse "The Mugger" s'écrase, touchée par la
flak. Un témoin, situé prés du
point de chute aperçoit dans
le lointain "les parachutistes descendre en cherchant à échapper
aux foyers d'incendie". L'incendie se propage. Tous luttent
contre le feu, la Wehrmacht, les gendarmes les pompiers et la population.
L'un
des aviateurs tombe sur le toit d'un hangar, un autre prés d'un
campement allemand. Ce dernier témoigne "J'avais atterri dans un
champ de blé qui venait d'être moissonné. Pas moyen de se cacher.
J'aperçus une zone boisée tout prés. J'entendis des coups de feu et
vis deux soldats allemands qui couraient vers moi le fusil à la main.
J'avais de graves brûlures aux mains et au visage et une sérieuse hémorragie".
Dix
hommes d'équipage, deux tués, deux prisonniers et six évadés qui réussiront
à se glisser au travers
des mailles du filet tendu par leurs poursuivants. Mais une fois encore, une
tragédie lourde de conséquences pour les habitants du village
dont certains comme dans notre petite ville de Sées,
connaîtront la déportation.
|
Mais
quittant ce même jour les terrains d'aviation de l'East Anglia, les 60 autres forteresses B17 auront pris la direction des écluses
de la Pallice.
Quatre
autres forteresses seront abattues par la Flak et la chasse allemande
sur les points suivants: l'île
d'Oléron (Charente Maritime), La Guériniére (Vendée), St Colomban
(Loire Atlantique. Le lien suivant raconte l'histoire de cette
forteresse: http://perso.wanadoo.fr/giraudeau
) et la baie de Biscaye. Une neuvième forteresse fera
un atterrissage forcé à son retour en Grande Bretagne sur un terrain
de secours.
Avant
de rejoindre leur bases respectives en Grande Bretagne, les aviateurs
rescapés des avions abattus,
ce jour de "l'independence day " dans notre région, auront
donc enduré comme beaucoup d'autres, les aléas du combat aérien, les
terribles émotions qui en résultent, et enfin le saut dans
l'inconnu sur un territoire truffé de piéges et de traquenards après avoir quitté un avion désemparé.
Tous ces événements dramatiques
précédant généralement une
chasse à l'homme ininterrompue dans
les bois, les villes ou les
campagnes.
Une
vision des faits et des évènements qu'il est possible souvent de rapprocher si
l'on considère les dangers encourus, aux
témoignages apportés par les membres de la résistance en général, les patriotes,
hébergeurs, aides anonymes bénévoles ayant
participé au hasard d'un coin de forêt
aux opérations de récupération et de sauvetage. A leurs
risques et périls.
Roger
Cornevin, Association
Normande du Souvenir Aérien 39-45
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Localisation
des crashs: 1 Belfonds; 2 la Coulonche; 3 Poillé sur
Végre; 4
Malicorne |

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Roger
Cornevin et son frère posent sur l'épave d'un Me 109 abattu
par des Forteresses Volantes le 4 juillet 1943. |
"Independence
Day " Le 4 Juillet
1776. 13 colonies en révolte contre l'Angleterre se déclarent
indépendantes sous le nom de "États-unis
d'Amérique". Londres reconnaît leur indépendance par le traité de Versailles en 1783. Chaque année cette
fête de l'indépendance
est célébrée à la
date anniversaire du 4
Juillet.
Sources
: Lettres personnelles avec les aviateurs alliés, Archives de l'Usaaf, "Agents d'évasion" de
André Rougeyron. Cahiers flêchois
1995.
|
Merci
de demander l'autorisation de l'auteur pour une publication partielle
ou complète de ce récit
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