L'enlèvement
s'est fait tout à fait officiellement en présence du Colonel du
Groupement de Gendarmerie de Seine-Maritime, des gendarmes et officiers de
la Brigade locale, du Conseiller Général et Maire de la Commune.
Les
procédures légales ont été respectées. Un procès-verbal de prise en
charge de l'épave par l'.A.N.S.A a été signé en gendarmerie après le
départ du camion chargé.
L'identification
Nous
sommes certains que cet avion a été abattu le 7 Juin 1940 vers 17h40. Un
violent combat aérien entre 9 Bloch 152 du GC II/10, basés à Bernay St
Martin et des Messerschmitt 109 s'est produit aux environs de Neufchâtel en Bray. Ces avions français allaient effectuer une mission d'attaque au
sol sur les troupes allemandes vers Amiens lorsqu'ils ont été pris à
partie par 27 Me 109 ayant l'avantage de l'altitude et du soleil. Les
Bloch 152 ont descendu trois Me 109 avant que trois des leurs ne
succombent sous le nombre des assaillants.
Cet
avion est l'un d'eux. Il s'est posé sur le ventre, moteur bloqué. De
toutes les façons, l'empennage que nous avons récupéré compte à lui
seul au moins une dizaine de perforations traversantes (de 7,62 mm et de
13 mm ) lâchées lors d'une même rafale, de gauche à droite et du haut
vers le bas sous un angle d'environ 30 °.
Ces
Bloch 152 du GC II/10 étaient aux mains de pilotes polonais ayant été
intégrés très récemment dans l'Armée de l'Air Française. Nous avons
un doute quant au nom du pilote qui était aux commandes. Pourquoi ? :
deux Bloch 152 ont été abattus au même moment dans le même périmètre.
Il
peut s'agir, soit du Sous-lieutenant PONIATOWSKI, soit du Commandant
WYRWICKI qui étaient tout les deux des "transfuges" de l'Armée
de l'Air Polonaise
Le
S/L PONIATOWSKI a pris une balle dans la tête. Après son atterrissage en
catastrophe, il est mort de cette blessure durant son transfert à
l'hôpital de Neufchâtel en Bray. Il est enterré dans un cimetière
polonais à Auberive près de Reims.
Le Commandant WYRWICKI est également mort suite à ce combat, les
conditions ne nous sont pas vraiment connues.
Des spécialistes chevronnés de l'histoire aérienne française durant la
période de Mai/Juin 1940 nous ont contactés lorsqu'ils ont appris notre
découverte (les nouvelles vont vites dans ce cas!) .
Après recherches et recoupements, ils pencheraient plutôt vers une
solution WYRWICKI, mais seul l'examen détaillé en cours des restes de
l'appareil nous apportera la réponse .....
C'est
une trouvaille unique !
Au
tout début de la guerre, quelques uns de ces avions ont été vendus à
la Roumanie et à la Grèce, personne ne sait ce qu'ils sont devenus et le
rôle qu'ils ont pu jouer dans les combats aériens au dessus de chez eux.
D'après
nos archives techniques, seulement 166 exemplaires du Bloch 152 ont volé
au sein de l'Armée de l'Air Française.
Un
nombre d'environ 400 ont été construits mais n'ont pu servir faute d'une
mise au point complète et par manque d'un certain nombre de pièces essentielles : canons et hélices qui n'arrivaient qu'au compte-goutte à
l'usine d'assemblage par exemple !
Bref,
à son époque, un Bloch 152 en vol était déjà une rareté !
A notre
connaissance, pas un n'a survécu jusqu'à nos jours.
Ceux qui
n'ont pas fuit vers l'Algérie, lors de la signature de l'Armistice, ont
été, soit démontés pour refonte ou récupérés par les Occupants et
utilisés dans la Luftwaffe comme avion d'entraînement avancé pour ses
futurs pilotes de chasse. D'autres ont été donnés pour équiper les
aviations pléthoriques ou déficientes de quelques pays amis du régime
nazi, tel, à nouveau, le régime roumain. Bref, à la fin de la guerre,
il n'en restait guère que les quelques exemplaires ayant passé la Méditerranée
ou étant en Outremer. Ils reprirent un peu de service en 1945 et 46 dans
l'Armée de l'Air Française renaissante, puis, faute de pièces et
devenus trop obsolètes, les rares survivants furent, comme à l'habitude
en France, ferraillés sans remords et sans penser à en conserver le
moindre exemplaire, d'ou l'importance de notre trouvaille 57 ans après !
Pourquoi
cette pièce unique a t'elle survécu jusqu'à nous?
Voici notre hypothèse la plus logique, après l'avis de personnes ayant vécu
la guerre dans ce village :
La
carcasse est restée telle que pendant 2 bonnes années sans être ferraillée par les services de récupération d'épaves mis en place par
les allemands. C'est étonnant au vu de leur efficacité habituelle.
Courant 1943, une rampe de lancement de V1, qui ne sera jamais opérationnelle,
a été construite dans un petit bois jouxtant ce champ. Ce site a été
plusieurs fois bombardé par les Alliés.
La
carcasse du Bloch 152 devait être un excellent point de repère pour les
bombardiers alliés. Suite à un des bombardements de la rampe de V1, les
Allemands ont fait disparaître cette épave dans un des cratères où nous
l'avons retrouvée.
Nous
supposons que l'autre moitié de cet avion est très probablement dans un
autre trou de bombe rebouché, mais où ??
Ce
champ est immense et nos moyens techniques actuels ne nous permettent pas
encore de faire des investigations poussées à grandes profondeurs (plus
de 2 m) sur d'aussi vastes étendues. Il faudrait y passer un temps fou et
en plus, pour nous y aider .... les allemands ont "farci" le
sous-sol de ce champ, à 2 mètres de fond environ, d'un vaste réseau
toujours en place, de tuyaux de ferraille pour le raccordement aux réseaux
électriques; eau et télécommunications du site de lancement des V1 et
de ses nombreux bâtiments annexes. Ces bâtiments ont disparu mais le
fouillis métallique souterrain est resté ...
La restauration des éléments récupérés
Le moteur Gnome et Rhone 14M à subit une restauration à la
fin des années 90.Il a été entièrement démonté et traité
dans les ateliers de la SNECMA. Nous l'exposons régulièrement
lors de nos sorties.
L'étambot,
comprenant le patin, est exposé au musée des invalides.
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